- soi-même
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• XIIe; sei 1050; du lat. se, en position accentuée → se♦ Pronom personnel réfléchi de la 3e personne. ⇒ lui (IV); et aussi elle, eux (cf. pop. Sa pomme, sézigue). I ♦ (Se rapportant à des personnes) A ♦ Représentant un sujet indéterminé1 ♦ En fonction d'attribut (avec l'inf. ou reprenant un indéterminé tel que on, chacun, quiconque, personne) Devenir, rester soi (ou plus souvent soi-même) :le même, la même. « Mourir ! Ne plus être ! Ne plus être soi ! » (R. Rolland). « Tant qu'on est seul on ne peut être soi » (Alain).2 ♦ En fonction de compl. d'objet dir. (après ne... que...) N'aimer que soi, n'estimer que soi.3 ♦ Cour. compl. prépositionnel. À soi. « Tout dans la nature songe à soi et ne songe qu'à soi » (Diderot). Rapporter tout à soi. Revenir à soi. — L'amour de soi. ⇒ propre. Rester maître de soi. ⇒ self-control. Hors de soi. « L'homme est l'être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu'en soi » (Proust). Confiance en soi. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Prendre sur soi. « Comme on voit devant soi un objet, il voyait devant lui ce fait » (Montherlant). Malgré soi. Rester, rentrer chez soi. — À part soi (altér. de par soi) . ⇒ aparté.B ♦ (Représentant un sujet de personne déterminé) Vx (on emploie plutôt lui, elle) « Un homme droit, fermé, sûr de soi » (Sartre). — (Mod., quand lui [elle, eux] serait ambigu) Il « s'expliquait trop bien [...] que le comte fût à peine maître de soi » (Bourget). Elle se moquait de sa fille et ne pensait qu'à soi, à elle-même. C ♦ Philos.1 ♦ Représentant tout sujet de personne, déterminé ou non (cf. ci-dessous, IV, 3o : Le soi ). La présence à soi : la conscience.2 ♦ POUR SOI, se dit de la manière d'être, d'exister, de l'être conscient. « Avoir conscience, c'est exister pour soi » (Maine de Biran). — Subst. Le pour-soi (Sartre), opposé à l'en-soi ou au « pour-autrui ». « Le pour soi, ou la conscience » (Hamelin).II ♦ (Représentant un sujet de chose)1 ♦ Compl. prépositionnel. La diligence descendait « entraînant après soi un long panache de poussière » (Flaubert). « La ville tire à soi la vie des villages » (Pourrat). — Loc. Cela va de soi : c'est tout naturel, évident (cf. Ça coule de source). Cela ne va pas de soi : ce n'est ni évident, ni simple.2 ♦ EN SOI : de par sa nature, abstraction faite de toute autre chose. « Ce n'est pas la douleur en soi qui rachète, mais la douleur acceptée » (F. Mauriac).♢ Philos. EN SOI : qui existe indépendamment du contenu de l'esprit; ou (chez Kant) indépendamment de l'apparence, de la connaissance humaine. Le noumène est une chose en soi. — Dans l'existentialisme, Mode d'être de ce qui n'est pas conscient. Subst. L'en-soi et le pour-soi.III ♦ SOI-MÊME (forme renforcée; renvoie à un sujet de personne déterminé ou plus souvent indéterminé). ⇒ auto-.1 ♦ En appos. du sujet. Ici, on fait tout soi-même. — Fam. « Vous êtes l'abbé Pellegrin. — Soi-même » (Cl. Vautel),lui-même (cf. En personne).2 ♦ Attribut. « Ce vœu cher aux amants : être à la fois soi-même et un autre que soi » (Sartre).3 ♦ Renforçant se. Il est « plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui » (Saint-Exupéry).4 ♦ Compl. d'objet (après ne... que, une compar.) « On a beau chercher, on ne trouve jamais que soi-même » (France). Aimer son prochain comme soi-même.5 ♦ Compl. prépositionnel. « Il s'était dit à soi-même : “J'aime Donna Lucrezia” » (Vailland ). Sortir de soi-même. PROV. On n'est jamais si bien servi que par soi-même. Charité bien ordonnée commence par soi-même.IV ♦ N. m. inv.1 ♦ La personnalité, le moi de chacun, de chaque sujet. ⇒ moi. « qu'est-ce que la discipline sinon l'empire du soi sur soi ? » (Bourget).2 ♦ (trad. de l'all. Es opposé à Ich « je ») Psychan. Ensemble des pulsions inconscientes. ⇒ 2. ça. Le soi, le moi et le surmoi.3 ♦ La conscience; l'être en tant qu'il est pour lui-même. « Le soi renvoie [...] précisément au sujet. Il indique un rapport du sujet avec lui-même » (Sartre).4 ♦ Un autre soi-même : un ami intime. ⇒ alter ego.⊗ CONTR. Autrui. ⊗ HOM. Soie, soit.
Encyclopédie Universelle. 2012.